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Les fake fonctionnaires ou les faux diplômés de l’administration

L’administration tchadienne à l’instar de celles des autres pays francophones est bondée des fake fonctionnaires, détenteurs des faux diplômes « obtenus » dans des pays lointains et dans des conditions douteuses ou à l’aide des informaticiens véreux (qui les leur délivrent), tiennent la fonction publique en otage et barre la route aux vrais diplômés qui n’ont d’autres choix que de moisir dans les ténèbres du chômage.

Selon le ministre d’État, ministre secrétaire général à la présidence de la République, les détenteurs des faux diplômes seront bientôt poursuivis par la justice tchadienne. Ce qui sera une bouffée d’air pour l’administration qui suffoque et une aubaine pour les jeunes qui attendent désespérément depuis des années. La mesure prise par le gouvernement pour mettre la main sur les faux diplômés de la fonction publique est une mesure salutaire mais comme le mal est assez profond, ne serait-il pas nécessaire de creuser encore plus afin d’en finir une fois pour toute avec ce fléau ? La seule question que je me pose et dont les réponses peuvent être celles contenues dans l’article est : comment est-ce que les faux diplômés ont pu accéder à la fonction publique ?

Passons en revue les causes de ce grave problème.

Le système

Par système, entendez tous les mécanismes et procédés de l’organisation et du fonctionnement de l’administration mal calqués sur modèle français dont nos dirigeants avaient institués aux lendemains des indépendances. Je veux parler du système où le diplôme est placé au premier plan et les expériences ne sont que de compléments pour compléter le profil du candidat. La logique voudrait que le diplôme ne soit qu’une formalité, c’est-à-dire il ne devrait jouer qu’un rôle d’attestation de niveau, ainsi, il doit être présenté après que le candidat ait fini de prouver ses expériences à l’issu d’un test ou un concours d’intégration.

Lire aussi : Je suis diplômé et puis ?

L’absence de concours d’intégration

Les concours d’intégration sont un filtre pour trier les vrais des faux diplômés. Tous les pays à  quelques exceptions près organisent des concours d’intégration pour faire fonctionner l’administration. Ainsi, les faux diplômés n’auront aucune chance pour accéder à la Fonction Publique.

Au Tchad par contre, les recrutements se font sur la base de l’étude de dossier. Ce procédé laisse à désirer quant à la transparence dans le processus du recrutement. Au lieu que les aptes soient recrutés, le cap est plutôt mis sur les « meilleurs ». Meilleurs en quoi ? Mon œil ! Ils sont meilleurs grâce à leurs diplômes fabriqués, achetés dans les instituts « mafieux ».

Le Ministère de la Fonction Publique regorge aussi des « fake agents »

Aux pays des crapauds, les grenouilles sont reines. C’est ainsi que les détenteurs des vrais faux diplômes parviennent à passer à travers les mailles de filets. Car parmi ceux qui tiennent les filets, il y a des faussaires. Donc, les vrais faux diplômés parviennent à passer les simulacres vérifications des diplômes effectuées par eux-mêmes. Les vrais diplômés quant à eux se heurtent à la rigueur des recruteurs car il n’y a pas assez de place pour contenir tout le monde.

Certains agents en plus de leurs incompétences notoires, sont cupides. Ils exigent des grosses sommes d’argent à ceux qui viennent déposer leurs dossiers à la fonction Publique. « Paie moi la moitié et le reste tu le payeras après la signature de ton arrêté d’intégration ». Cette formule est prononcée par les agents lors des négociations dans les couloirs dudit ministère. Ces agents véreux une fois perçus leurs pot de vin, font dissimiler les faux diplômes de leurs « clients ». Ainsi, les faussaires pourront échapper au service d’authentification des diplômes. Les  cupides occupent des postes à tous les échelles de l’administration, donc ils font tout pour le tout afin d’intégrer les plus offrants. C’est déplorable pour un pays qui aspire à l’émergence dans un proche avenir.

Je veux contribuer dans le trac des faux diplômés de l’administration à travers cette image illustrative :

Les fakes fonctionnaires
Crédit : Centre International d’Etudes Pédagogiques

Y a-t-il plus voleur qu’un fonctionnaire détenteur d’un faux diplôme ?

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Auteur·e

sonsdecloche

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