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Le blogueur tchadien

Voilà bientôt dix ans que je « bloguais » dans l’informel à travers mon blog créé sur Blogger de Google, puis WordPress, avant de rejoindre Mondoblog en 2020. Le temps est venu pour moi de faire le bilan de mes dix ans d’expériences comme blogueur (sans orgueil) à l’occasion de la Journée mondiale du blog, célébrée le 31 août de chaque année.

Photo prise à Wenaklabs lors d’une séance de Prépa Concours Mondoblog en 2022
Crédit : Moussa Tahir

Le « métier » de blogueur est ingrat et ardu

Naguère, le blogging était un métier à risque au Tchad, car beaucoup de nos aînés ont payé la facture. Ils étaient traqués et obligés de s’exiler, loin de leur terroir qu’ils chérissaient et voulaient changer avec leurs plumes. Mais aujourd’hui, en toute franchise, les blogueurs ne sont pas inquiétés, sauf qu’ils se livrent à eux-mêmes pour survivre. C’est pourquoi, je trouve qu’être blogueur au Tchad n’est rien d’autre que faire du volontariat. C’est aussi accepter de faire beaucoup de sacrifices sans espérer gagner quelque chose en retour.

Des avantages pécuniaires ?! Non, presque inaccessible. Seuls quelques-uns, les plus résilients, réussissent à décrocher du sponsoring ou un partenariat avec des organisations. Sinon, c’est la galère. Personnellement, j’ai bénéficié des opportunités avec mon profil de blogueur. C’était en 2020-2021, où j’ai bénéficié d’une bourse sur le FakeCheking à Douala au Cameroun.

Mes débuts sur Mondoblog

En 2018 et 2019, j’avais participé à des ateliers sur le blogging pendant le programme annuel Novembre Numérique organisé par Wenklabs en partenariat avec l’Ambassade de France au Tchad. Et en 2020, quelques aînés ont organisé des séances de Prépa Concours Mondoblog (CaféBlog) où j’ai pu participer.

Café Blog portant sur Prépa Concours Mondoblog en 2020
Atelier animé par notre aîné Salim Azim
Crédit photo : Moussa Tahir

Nous étions huit tchadiens à intégrer Mondoblog à l’issue du concours. Au début, je publiais régulièrement des billets. Mais il faut reconnaître que le rythme a changé par la suite compte tenu des occupations.

Blogueur-écrivain, blogueur-journaliste

Alhamd lillah ! (Dieu merci !), le blogging m’a permis de réaliser deux de mes rêves d’enfance : devenir écrivain et journaliste, même si le troisième (diplomate) tarde à se concrétiser.

Je ne suis pas devenu journaliste au sens professionnel du terme ; mais j’ai fait des essais réussis en presse écrite et un stage pratique dans une radio à N’Djamena. Début 2020, j’étais Chroniqueur d’un mensuel, Échos du Logone et Chari. Puis en 2022, j’étais devenu rédacteur en chef du journal de notre école La Voix des Élèves de l’ENA (La VENA).

Photo prise à la Cabine Technique de Dja Fm à N’Djamena pendant mon stage
Crédit photo : Djimi

Pour l’écriture, j’ai déjà publié un recueil de poèmes intitulé Repères et plaies de la patrie : la quête de la panacée en 2018 avant de le rééditer en 2023.

Couverture de mon recueil de poèmes
Crédit Photo : Service conception et graphique des Editions Sao

J’ai des textes inédits à publier pour le grand bonheur de mes lecteurs, qui sont nombreux d’ailleurs. Tous ces aboutissements ont été possibles grâce à mon engagement dans ce domaine.

À lire aussi : Les blogueurs et blogueuses tchadien.ne.s en 5 catégories

Les grandes initiatives

La création de l’Association des Blogueurs du Tchad est la plus grande initiative réussie par les blogueurs du Tchad, dont je fais partie. L’idée de départ, c’était UBLOT (Union des Blogueurs du Tchad). De ses cendres, nous avons, de fil en aiguille, muri le projet pour aboutir à la création de l’association. En l’espace de quelque temps, cette association a réussi à se faire une place sur l’espace numérique. Désormais, elle tend à s’exporter à travers des partenariats qu’elle noue avec d’autres associations des pays africains.

Mon point de vue sur l’espace numérique tchadien

Les jeunes tchadiens tentent tant bien que mal de marquer leur présence sur la toile, notamment sur les réseaux sociaux. TikTok est le réseau plus utilisé : sur 100 personnes, il n’y aura pas plus de 10 personnes n’ayant pas de compte et/ou ne suivant pas des vidéos. Et ceux-là vont fustiger le mauvais usage de ce réseau par certains utilisateurs qui ne produisent que des vidéos inappropriées, soit pour « se clasher » entre eux, soit pour dénigrer une ethnie aux dépens d’une autre, soit pour tenir des propos sexistes et esquisser des pas de danse en se moulant dans une tenue exhibitionniste. Ne me traitez pas d’intégriste, je n’ai fait que dire la vérité. D’ailleurs, je ne suis pas le seul, car un internaute tchadien s’est exprimé en ces termes :

« En suivant des tiktokeurs de certains pays, je découvre des sujets captivants tels que la motivation personnelle, les enjeux politiques et géopolitiques, ou encore la création d’entreprise. En revanche, chez nous, beaucoup des tiktokeurs se chamaillent sans cesse dans des futilités. Jeunesse tchadienne, ouvrons les yeux. »

Page Facebook de Issa Allafouza

Face à cette préoccupation, j’ai réagi en demandant d’être comme ces tiktokeurs « modèles » des autres pays afin de changer ceux de notre pays.

Sinon, il y a des bons vlogueurs sur Tiktok qui produisent des bons contenus. Sans oublier les personnalités politiques, des religieux, des artistes, etc. qui, à l’instar de ceux des autres pays, communiquent avec leurs followers en utilisant ce canal.

C’est un billet liminaire, d’autres billets plus consistants sur la blogosphère tchadienne sont en gestation.

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Auteur·e

sonsdecloche

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